À la découverte des outils et objets préhistoriques autour de Le Change

23 septembre 2025

La vallée de la préhistoire : une terre d’abondance archéologique

Le Périgord, et plus précisément la vallée de la Vézère – classée au patrimoine mondial de l’UNESCO –, est mondialement reconnu comme l’un des foyers de l’humanité préhistorique. À 15 kilomètres seulement de Le Change, se trouvent les mythiques grottes de Lascaux et de Rouffignac, tout comme les abris ornés et sites des Eyzies-de-Tayac. Mais dès la moitié du XIXe siècle, des paysans et des érudits locaux ont mis au jour, directement autour de Le Change, de nombreux objets témoignant d’une occupation humaine dense sur des millénaires.

  • Magdalenien (17 000 à 12 000 av. J.-C.) : nombreuses pointes et grattoirs
  • Aurignacien (35 000 à 29 000 av. J.-C.) : burins, lamelles
  • Moustérien (100 000 à 40 000 av. J.-C.), dont l’outillage néandertalien
  • Néolithique (6 000 à 2 200 av. J.-C.) : haches polies, pointes de flèches

Le Change est ainsi situé à la croisée de plusieurs grandes traditions préhistoriques, et certaines découvertes locales sont aujourd’hui préservées dans les musées de Périgueux ou de Montignac.

Les outils de pierre : une technologie ancestrale révélatrice

Le silex, roi des matières premières du Périgord

Dès le Paléolithique moyen, le silex local – abondant dans le sol calcaire – a été façonné avec MAESTRIA : grattoirs, pointes, lames, burins… Les tailleurs préhistoriques du secteur de Le Change ont perfectionné leur méthode, c’est pourquoi on parle d’« industrie du silex ». Le silex du Périgord avait une qualité telle qu’il a parfois voyagé sur plusieurs dizaines de kilomètres, preuve de relations et d’échanges (Musée national de Préhistoire, Les Eyzies).

  • Grattoirs et burins : Essentiels pour travailler les peaux et le bois
  • Lames et lamelles : Outils coupants et armatures diverses (parfois incrustées dans des sagaies)
  • Pointes moustériennes : Typiques des Néandertaliens, d’une grande efficacité pour la chasse

À quoi servaient ces outils ?

Les objets retrouvés autour de Le Change témoignent d’une vie quotidienne où la chasse, la cueillette, mais aussi la fabrication de vêtements et la construction de petits abris étaient primordiales. Une anecdote peu connue : lors de fouilles dans des abris sous roche des environs, certains burins portaient des traces de résidus organiques, suggérant un usage mixte : découpe d’os, mais aussi de tendons pour confectionner des liens ou des outils composites (source : perigorddecouverte.com).

Le foisonnement d’armes de chasse et d’outils de pêche

Au Magdalénien, l’ingéniosité de nos ancêtres autour de Le Change se manifeste par la diversité d’armes et d’outils de subsistance. Les harpons, perçoirs, sagaies en os ou en bois de cervidé témoignent de la place centrale de la chasse et de la pêche dans l’économie locale préhistorique.

  • Armes de jet (sagaies) : taillées dans les os longs de rennes ou de cerfs, silex emmanché
  • Harpons à barbelures : pour la pêche ou la chasse aux animaux aquatiques (ex. trouvé dans la grotte du Soucy, à seulement 10 km de Le Change)
  • Propulseurs : accroissement de la portée des projectiles, rare mais attesté tout autour de la vallée de la Vézère
  • Perçoirs et poinçons : usage surtout artisanal : travail du cuir, du bois, des peaux

Un détail marquant : on a retrouvé dans certains gisements locaux des pointes probablement enduites de substances végétales ou animales, peut-être pour empoisonner ou mieux préserver la viande (source : Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord).

Parures, art mobilier : la Dordogne, territoire d’expression symbolique

L’existence d’une dimension symbolique et artistique chez nos ancêtres n’est pas qu’une évidence dans les grottes ornées emblématiques. Même dans les sites moins spectaculaires proches de Le Change, des parures, petits objets d’art et outils de décoration témoignent d’une culture raffinée !

  • Perles et pendeloques en ivoire ou coquillage : portées en collier, parfois teintes à l’ocre rouge
  • Bâtons percés et rondelles : objets à usage mystérieux, certains décorés de motifs géométriques ou animaliers
  • Gravures sur os ou sur bois de renne : représentation d’animaux ou signes abstraits. Plusieurs fragments retrouvés dans la vallée de l’Isle et du Manoire (source : Musée d’Art et d’Archéologie du Périgord, Périgueux).

Une anecdote fascinante : un galet plat manufacturé, trouvé au XIXe siècle près de Saint-Pierre-de-Chignac (commune limitrophe de Le Change), porte un discret motif gravé évoquant un animal. Certains chercheurs y voient la preuve que ces communautés avaient, même en dehors des grandes grottes ornées, un goût affirmé pour l’art !

Une économie préhistorique révélée par les haches et outils néolithiques

Le passage au Néolithique (vers 6 000 av. J.-C.) marque une évolution profonde dans la production des outils autour de Le Change. On dénombre une abondance de haches polies, de lames et de grattoirs différents des formes plus frustes du Paléolithique. Cela atteste du développement de l’agriculture et de l’élevage. Les outils de mouture (meules, pilons), bien que plus rares, signalent l’apparition de la culture des céréales.

  • Haches polies : de forme allongée ou trapézoïdale, utilisées pour le défrichement forestier
  • Pointes de flèches tranchantes : bifaces finement élaborés pour l’arc
  • Outils de broyage : petits mortiers pour broyer des graines ou des pigments (source : ArchéoSite de la Dordogne, ateliers pédagogiques)

À noter : la pierre utilisée pour les haches polies provenait parfois de carrières situées à plus de 20 km. Cela atteste de circuits d’échange plutôt sophistiqués pour l’époque.

Objets du quotidien et “petits outils” oubliés

Certains objets préhistoriques trouvés dans la région de Le Change, discrets mais extrêmement révélateurs, nous donnent un aperçu intime de la vie de campement des communautés préhistoriques. Par exemple, des débris de lampes à graisse, taillées dans la pierre, utilisaient des mèches de mousse ou de moelle végétale pour illuminer les grottes ou abris.

  • Lampes : calcaire, grès ou terre cuite. Quelquefois ornées, vestiges visibles au Musée de Périgueux.
  • Poignées et racloirs : outils à tout faire, parfois cassés et recyclés à l’infini
  • Os polis ou percés : aiguilles, mèches, crochets de pêche… Des objets d’une grande ingéniosité.

Une curiosité archéologique locale : lors de travaux agricoles à la fin du XIXe siècle, plusieurs “nucleus” (blocs de silex dont on extrayait ensuite des éclats) ont été trouvés entre Le Change et Escoire, témoignant d’ateliers en plein air – la campagne était déjà un vaste chantier préhistorique !

Aperçu des principaux sites autour de Le Change

Nom du site Type de découvertes Époque Remarques
Le Soucy Harpons, grattoirs, pointes Paléolithique supérieur Site de plein air et grotte
Saint-Pierre-de-Chignac Galets gravés, silex taillés Aurignacien-Magdalénien Célèbre pour son “galet animalier”
Abri du Manoire Silex, burins, outils en os Moustérien Ateliers de taille & campements
Cornille Haches polies, pointes de flèches Néolithique Découvertes fortuites lors de labours

L’héritage préhistorique vivant : visites, musées et ateliers près de Le Change

Le formidable patrimoine préhistorique du secteur peut se découvrir grandeur nature. Plusieurs musées et sites proches exposent des objets authentiques découverts autour de Le Change et dans la vallée de l’Isle :

  • Musée d’Art et d’Archéologie du Périgord (Périgueux) : collections régionale de lames, nucléus, os travaillés
  • Musée national de la Préhistoire (Les Eyzies) : bientôt un siècle au service de la science et la pédagogie
  • Le Soucy : abri, grotte et panneaux explicatifs
  • Lascaux IV (Montignac) : reconstitution et focus sur les outils de l'artiste paléolithique

Certains ateliers archéologiques proposent aux enfants comme aux adultes de s’initier à la taille du silex (notamment lors des Journées Nationales de l’Archéologie), ou encore à la fabrication de pigments à l’ocre, comme le faisaient les artistes d’il y a 18 000 ans.

Poursuivre la quête : les recherches continuent

L’archéologie ne cesse d’évoluer et, même si nombre de grottes et abris majeurs sont désormais fouillés et protégés, le territoire autour de Le Change réserve encore ses mystères. Les objets retrouvés, qu’ils soient utilitaires, symboliques ou artistiques, invitent à repenser notre rapport à la nature, à la mémoire collective et au territoire. Grâce à eux, Le Change s’inscrit dans cette étonnante aventure humaine qui, de la simple taille d’un silex à la naissance de l’art, façonne l’âme du Périgord.

Pour approfondir le sujet et manipuler de véritables objets préhistoriques, n’hésitez pas à pousser la porte du Musée de Périgueux ou à participer à une visite commentée du Soucy. Ces traces silencieuses continuent de transmettre mille histoires aux promeneurs… et aux curieux jamais rassasiés !

Sources : Musée d’Art et d’Archéologie du Périgord (Périgueux), Musée national de Préhistoire (Les Eyzies), Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord, perigorddecouverte.com, ArchéoSite de la Dordogne.

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