Patrimoine sacré autour de Le Change : coup d’œil sur les édifices religieux à ne pas manquer

10 septembre 2025

La campagne du Périgord, terre de pierre et de foi

Autour de Le Change, impossible d’ignorer le paysage façonné depuis le Moyen Âge par une spiritualité et une ferveur authentique. Ces petits villages se sont souvent organisés autour de leurs églises, qui demeurent encore aujourd’hui le témoin d’une foi solidement ancrée et des bouleversements de l’histoire française.

Parmi les centaines d’édifices religieux qui parsèment la Dordogne (plus de 1200 recensés par l’Inventaire du patrimoine culturel selon le Ministère de la Culture), certains racontent, jusque dans leurs murs, les rivalités médiévales, la violence des guerres de Religion ou la lente reconquête d’un espace rural fidèle à ses racines.

Église Saint-Étienne de Le Change : notre point de départ

C’est le cœur du village. Cette église du XII siècle a été reconstruite au XV, témoignant ainsi de la vitalité et de la résilience des communautés rurales confrontées à la Guerre de Cent Ans. Son portail roman, orné d’un sobre décor sculpté, et sa nef voûtée surprennent par leur élégance discrète. Autour de l’édifice, on remarquera des pierres tombales du XVIII siècle, témoignage d’anciennes pratiques paroissiales.

  • Fait marquant : La cloche, datée de 1628, a échappé à la fonte révolutionnaire souvent pratiquée à la fin du XVIII siècle dans la région.
  • Visite : Ouverte librement en journée, sauf lors de célébrations.

À moins de 15 km : Périgueux et la cathédrale Saint-Front

Érigée au cœur de Périgueux, la cathédrale Saint-Front est sans conteste le joyau le plus célèbre du secteur. Inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle (Patrimoine religieux), elle fascine par ses dimensions et son allure atypique : cinq coupoles byzantines, tours massives, un plan en croix grecque qui rappelle Saint-Marc de Venise.

  • Construite à partir du XII siècle, mais fortement remaniée au XIX par Paul Abadie.
  • Hauteur de la coupole centrale : 62 m.
  • Régulièrement visitée par près de 100 000 visiteurs chaque année (UNESCO).
  • Vitraux remarquables et orgue Cavaillé-Coll.

Petite anecdote : Le clocher roman original servi de tour de guet lors des sièges de la ville durant les guerres médiévales, d’où la vue spectaculaire que l’on a depuis sa terrasse (accessible lors de visites guidées).

L’église de Saint-Pierre-ès-Liens à Bassillac : l’élégance rurale

À moins de 5 km de Le Change, Bassillac offre une halte de charme avec son église Saint-Pierre-ès-Liens. La nef unique, voûtée en berceau brisé, conserve encore des éléments d’origine du XII siècle.

  • Clé de voûte ouvragée : Elle figure le symbole de la Papauté (deux clés et la tiare).
  • Légende locale : Selon une tradition orale, un tunnel aurait autrefois relié l’église au château voisin afin de servir de refuge durant les périodes troublées.
  • Point fort : Le cadran solaire du mur sud, parfaitement lisible, est daté de 1812.

L’abbaye de Chancelade : spiritualité sur les rives de la Beauronne

Un tableau complet du patrimoine religieux local serait incomplet sans évoquer l’abbaye de Chancelade, à 12 km à l’ouest de Le Change. Fondée en 1129 sur les bords de la Beauronne, elle représente un fleuron de l’art roman aquitain.

  1. Son église abbatiale dévoile une remarquable façade romane à oculus trilobé.
  2. Les bâtiments conventuels, restaurés au cours des XX et XXI siècles, accueillent aujourd'hui des expositions, concerts et retraites spirituelles.
  3. La devise des chanoines de Chancelade, “Ora et Labora”, s’inscrit toujours sur la pierre d’entrée.

Fait peu connu : L’abbaye fut un haut lieu de résistance pendant la Fronde (milieu XVII), les moines y cachant des armes et servant d’intermédiaires entre les notables locaux (BNF).

Saint-Amand-de-Vergt et sa chapelle: un trésor oublié

Saint-Amand-de-Vergt, petit village à 7 km au nord de Le Change, abrite une église sans prétention extérieure, mais dont l’intérieur livre quelques surprises. La chapelle latérale, consacrée à Sainte-Radegonde, porte encore les traces de fresques du XVI siècle réalisées par des artisans venus du Limousin.

  • Inscription lapidaire en occitan, rare dans la région, apposée sur la pierre de consécration.
  • Un reliquaire de bois doré du XVIII siècle attire l’attention des amateurs d’art sacré.
  • Selon la rumeur locale, le puits attenant aurait été réputé “miraculeux” parmi les enfants atteints de fièvres au XIX siècle.

La mystérieuse église de Saint-Léon-sur-l’Isle

À environ 18 km au sud-ouest de Le Change, l’église Saint-Léon offre un bel exemple d’architecture de transition roman-gothique. Sa particularité : un ensemble sculpté représentant la scène du Pèsement des Âmes, rarissime en Dordogne, inspiré du Jugement Dernier.

  • L’intérieur s’orne d’un maître-autel polychrome daté de 1738 et classé monument historique.
  • On y observe aussi une cuve baptismale massif d’origine mérovingienne récupérée lors de la restauration du sol en 1967.

Petit clin d’œil historique : durant la Révolution, la cloche “Marie-Léonie” servit à alerter les habitants lors des levées en masse, selon un registre communal consultable aux archives départementales.

Sorges et Ligueux : sur la route de la truffe et des chapelles cachées

Le territoire de Sorges-et-Ligueux-en-Périgord, à une quinzaine de kilomètres, vaut le détour non seulement pour ses truffières, mais aussi pour ses pépites religieuses. À Sorges, l’église Saint-Germain est particulièrement intéressante par sa façade à portail trilobé du XIII siècle et ses peintures murales redécouvertes en 1989 lors d’une campagne de restauration.

  • Les chapelles rurales de Ligueux, telle celle de la Nativité, sont accessibles lors de visites guidées estivales organisées par l’office de tourisme (Office de tourisme Périgord).
  • Anecdote : autrefois, chaque village possédait sa propre “procession des Rogations”, censée protéger les cultures contre la grêle.

Excideuil et sa collégiale Notre-Dame-de-l’Assomption

À 20 km au nord-est, la collégiale d’Excideuil se distingue par ses proportions imposantes et sa richesse architecturale. Fondée à la fin du XI siècle, elle fut profondément modifiée à l’aube de la Renaissance (autour de 1530).

  1. Son clocher octogonal fut un repère pour les pèlerins se rendant à Rocamadour.
  2. De belles stalles en bois sculpté et un orgue historique (1818).
  3. Particularité historique : elle servit d’abri durant la Seconde Guerre mondiale pour des archives alors à l’abri des destructions.

À noter : le marché local, chaque jeudi matin, s’installe aux abords de la collégiale : c’est l’occasion de mêler patrimoine et saveurs régionales.

L'église Saint-Jean-Baptiste de La Douze

À 12 km au sud du Change, l’église de La Douze est le témoin du rayonnement des seigneurs locaux du Moyen Âge. Datant de l’époque romane, elle a bénéficié de plusieurs extensions et abrite une sacristie voûtée du XVI siècle.

  • Chapiteaux sculptés représentant la vigne, le blé et de mystérieuses têtes grimaçantes : clin d’œil au folklore local.
  • Assises de fondation en pierres claires, empruntées à la carrière voisine exploitée depuis l’époque gallo-romaine.
  • Restes de fresques rouges ocre, révélés lors de sondages en 1976 (visibles sur les murs nord).

Pistes pratiques pour vos visites

Bon nombre de ces édifices sont ouverts librement en journée, mais il est conseillé, en dehors des offices réguliers, d’entrer en contact avec les mairies ou l’office de tourisme de la communauté de communes Isle-Manoire pour organiser une visite commentée ou vérifier les horaires. Des journées portes ouvertes sont souvent programmées lors des Journées du Patrimoine en septembre.

Pour aller plus loin, le site patrimoine-religieux.fr et la base Mérimée du Ministère de la Culture offrent des notices détaillées et des historiques précis sur chaque église du secteur.

La Dordogne religieuse, un voyage au-delà des pierres

Découvrir les édifices religieux autour de Le Change, c'est pénétrer l’intimité des villages, ressentir la force tranquille des siècles et comprendre combien la pierre, le bois et la foi ont façonné ce coin du Périgord. Que l'on soit amateur d’art, féru d’histoire ou simple promeneur, ces lieux sont bien plus que des vestiges : ils font écho à notre mémoire collective et à une créativité silencieuse. À chaque visite, c’est un pan de vie locale qui s’offre au regard.

Qui sait, la prochaine chapelle oubliée rencontrée sur un sentier poussiéreux pourra vous dévoiler un secret d’antan… Le patrimoine religieux du secteur n’a pas fini de surprendre ceux qui osent pousser la porte.

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